Unedic : l'indemnisation sera au cœur des négos
Alors que la renégociation de la convention d’assurance chômage débute le 17 janvier, l’Unedic vient de renouveler son conseil d’administration.
Patricia Ferrand, secrétaire confédérale de la CFDT, en prend la présidence dans le cadre de l’alternance, en lieu et place de Jean-François Pilliard, vice-président du Medef en charge du pôle social. Une rude tâche attend la nouvelle présidente, appelée à concilier des exigences contradictoires.
D’un côté, la situation financière du régime que cette économiste de formation, siégeant au conseil d’administration depuis trois ans, connaît parfaitement. De l’autre, la nécessité de maintenir le rôle d’amortisseur social que jouent, plus que jamais, les indemnités de chômage dont bénéficient deux demandeurs d’emploi sur trois. Difficile, quand le DG de l’Unedic, Vincent Destival, s’attend à un déficit d’un peu plus de 5 Mds€ en 2014. « La question que nous nous posons, c’est notre capacité à couvrir nos besoins de financement », confirme-t-il. Ceux-ci ne devraient pas diminuer à court terme, compte tenu de la situation du marché de l’emploi et du refus ferme des employeurs d’accroître leur contribution, les syndicats eux rejetant toute remise en cause du niveau et de la durée d’indemnisation (76 % des chômeurs indemnisés le sont depuis plus d’un an), comme le suggérait le récent rapport de la Cour des comptes. Bien au contraire, la CGT propose « une augmentation maximale d’indemnisation à 30 mois, toujours sur la base d’un jour d’indemnisation pour un jour travaillé ».
Pour la centrale pilotée par Thierry Lepaon, les allocataires de plus de 50 ans devraient même voir leurs droits prolongés jusqu’à 60 mois. Tandis que les primodemandeurs d’emploi accéderaient au régime dès deux mois d’activité. Plus sobre, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, se contente d’opposer un niet catégorique sur la dégressivité. « C’est hors de question, martèle-t-il. Si l’Unedic est en déficit, c’est justement parce que le chômage est élevé, les demandeurs d’emploi n’en sont pas responsables. » Une analyse que partage Philippe Louis, président confédéral de la CFTC : « Nous ne devons pas abandonner ceux qui, aujourd’hui, subissent les conséquences du chômage. Nous ne sommes pas favorables à un retour à la dégressivité. » Quant à la CFE-CGC, elle insiste aussi bien sur le niveau d’indemnisation des cadres pointé dans le rapport de la Cour des comptes que sur « le risque d’explosion de nos systèmes d’assurances sociales fondés sur la mutualisation et la solidarité ». Sachant que seuls 1 400 happy few touchent le plafond de 6 959 € par mois. Dans ce contexte, les autres points de la renégociation, dont l’articulation avec la formation, la couverture de l’activité réduite, le rechargement des droits, la simplification des procédures et la personnalisation du suivi, risquent de passer au second plan.
Gestion Sociale, 09/01/2014